Histoire d'une vie

Histoire d'une vie
Aharon Appelfeld




Récupéré chez Babelio... car disparu pendant le déménagement semble-t-il!

Ce livre n'est pas un résumé, mais plutôt une tentative, un effort désespéré pour relier les différentes strates de ma vie à leur racine. Que le lecteur ne cherche pas dans ces pages une autobiographie structurée et précise. ce sont différents lieux de vie qui se sont enchaînés les uns aux autres dans la mémoire, et convulsent encore. Une grande part est perdue, une autre a été dévorée par l'oubli. Ce qui restait semblait n'être rien, sur le moment, et pourtant, fragment après fragment, j'ai senti que ce n'étaient pas seulement les années qui les unissaient, mais aussi une forme de sens."





Appelfeld, dès la préface, prévient son lecteur. Ce ne sera pas une autobiographie exhaustive.



Né en 1932 à Czernowitz, en Bucovine alors rattachée à la Roumanie, son enfance plutôt heureuse et protégée s'interrompt brusquement, avec le ghetto, la marche vers un camp, dont il s'échappe, pour passer des années dans la forêt. En 1946, on le retrouve en Italie, d'où il prend un bateau pour Israël.



Des pans entiers de l'histoire n'apparaîtront pas, les noms de personnes et de lieux ont été oubliés, les souvenirs affluent, en désordre, tronqués. Cela peut désarçonner, et puis, peu importe, l'essentiel n'est pas là. En creux apparaît l'histoire, racontée sobrement.



Je m'attendais à lire le récit d'une vie pendant la guerre, mais presque la moitié du livre évoque la vie d'Appelfeld en Israël, ses difficultés d'adaptation et d'étude de l'hébreu, la perte de ses langues parlées, l'apprentissage du yiddisch, langue de ses grands parents, qui l'a sauvé en quelque sorte...



"L'effort pour conserver ma langue maternelle [l'allemand] dans un entourage qui m'en imposait un autre était vain. Elle s'appauvrissait de semaine en semaine et à la fin dela première année il n'en demeura que quelques brandons sauvés des flammes. Cette douleur n'était pas univoque. Ma mère avait été assassinée au début de la guerre, et durant les années qui suivirent, j'avais conservé en moi son visage, en croyant qu'à la fin de la guerre je la retrouverais et que notre vie redeviendrait ce qu'elle avait été. Ma langue maternelle et ma mère ne faisaient qu'un. A présent, avec l'extinction de la langue en moi, je sentais que ma mère mourait une seconde fois."



Il nous fait aussi découvrir son cheminement vers l'écriture, ses choix, ses influences, et termine par un superbe chapitre sur l'évolution de l'association "La vie nouvelle", fondée en 1950 par les survivants de Galicie et Bucovine, image exemplaire de l' immigration en Israël.

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